Un comité éthique commun à trois maisons de retraite

Trois résidences ardéchoises ont mis en place un comité éthique interétablissement pour répondre
aux besoins des usagers et des professionnels face à la complexité de l’accompagnement
en maison de retraite.

Le projet est né à l’initiative de la Résidence Le Grand Pré qui a sollicité deux autres maisons de retraite (la résidence Les Bains à Saint-Péray et la résidence Beauregard à Vernoux-en-Vivarais) afin de créer un lieu d’échange et de partage. Pour parvenir à coconstruire ce temps de rencontre, le personnel participant doit être animé d’un esprit d’humanité s’inscrivant dans une logique de compétence et de croisement des savoir-faire des différentes structures.

La réflexion doit être basée sur l’ouverture, c’est-à-dire permettre une recherche d’apports extérieurs à la situation donnée.

Formalisation collective

C’est pourquoi, à chaque comité éthique, des intervenants extérieurs sont sollicités ; ce sont des personnes qualifiées en fonction des thèmes mais qui ne sont pas impliquées directement dans la situation. Des recherches documentaires sont effectuées en amont par le directeur de la résidence Le Grand Pré.

Les projets d’établissement des trois structures affichent un positionnement clair sur la place de la réflexion éthique basée sur les préconisations de l’Anesm : le besoin émerge de la réflexion collective, du croisement de plusieurs points de vue face à une difficulté repérée à partir de l’observation de la pratique quotidienne. La formalisation collective de cette réflexion en un dispositif organisé se fait sur un temps bien identifié, un « temps dédié, » bien distinct du temps de l’action.

Le comité se réunit quatre fois par an ou en cas d’urgence. Tout salarié peut y être invité. Les professionnels devenus acteurs de la démarche considèrent désormais cet espace de réflexion comme un véritable élément de réponse à leurs besoins. Les membres permanents, à savoir un directeur, une infirmière, une aide-soignante, une cadre de santé, une psychologue pour chaque structure, ont été formés à la démarche éthique et à différents thèmes. La parole est libre et chaque parole vaut celle de chaque membre, qu’il soit médecin, soignant, directeur ou agent des services hospitaliers. La décision/recommandation est collégiale pour garantir la coexistence de tous les points de vue et de leurs interactions.

Mesure d’impact

L’évaluation du dispositif se fait via une grille d’évaluation et d’impact sur les résidents et les salariés. Pour les salariés, un questionnaire de satisfaction au travail est donné avant les réunions, et une étude est effectuée deux ans après pour mesurer l’impact sur la satisfaction au travail. Il arrive que certains membres de l’équipe considèrent ces réunions comme chronophages voire inutiles. Pourtant, l’expérience montre que les temps d’échange améliorent l’implication du personnel en lui donnant une expertise. Les études en sociologie du travail attestent en effet que les salariés qui disposent d’une compétence technique particulière ont la capacité, via leurs connaissances ou leurs expériences, de façonner le comportement d’autrui en fonction de la qualité des conseils ou des recommandations qui leur sont formulées.

Sylvain Guillaume, directeur d’Ehpad.

Antoinette Garayt, coordinatrice du comité éthique interétablissement

« Le personnel a plaisir à se rencontrer parce qu’il ne travaille justement pas ensemble au quotidien »

« Le projet entend répondre aux besoins du personnel dans leurs problématiques où seul un point de vue pluridisciplinaire doit être envisagé pour tenter de trouver une solution. Ce peut être la fi n de vie, la sexualité, l’entrée en institution, le refus de soins… La démarche est originale car le comité est commun à trois maisons de retraite dont les cultures sont diff érentes : l’une est un ancien logement, la seconde a une culture hospitalière et la troisième est une maison de retraite privée à but lucratif. En comparaison d’un comité éthique mono établissement où ce dispositif s’essouffl e rapidement, le personnel a plaisir à se rencontrer parce qu’il ne travaille justement pas ensemble au quotidien avec toutes les contraintes que cela suppose. Le regard est dès lors neuf à chaque situation sur les problématiques rencontrées avec un recul certain et nécessaire »

La Gazette Santé-Social • mars 2027

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