L’Ehpad « Le Grand pré » a mis en place une activité escrime pour ses résidents en partenariat
avec le cercle d’escrime de Bourg-lès-Valence. L’objectif est le développement
de la psychomotricité, l’amélioration des capacités fonctionnelles et de l’attention.
Lancé courant 2016 à la résidence Le Grand pré, située à Alboussière en Ardèche,
le projet escrime s’inscrit dans le projet d’animation et surtout dans le projet de soins la résidence via le développement d’activités physiques adaptées (APA). Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, l’escrime
a un effet sur la découverte et l’entretien du schéma corporel, la régulation de l’équilibre, le maintien des capacités cardio-respiratoires, le maintien de la confiance en soi, le maintien d’une certaine qualité de vie et d’une communication sociale. Plus généralement, pour l’ensemble des résidents de l’Ehpad, l’escrime améliore la fonction cardiovasculaire, la composition corporelle, le métabolisme, la composition osseuse et le bien-être psychologique de faire des gestes oubliés et parfois douloureux dans un contexte ludique et attrayant.
Maitre d’armes
Pour la réussite du projet, il est rapidement apparu comme une nécessité que l’accompagnement des résidents ne repose pas unique-
ment sur une personne mais sur une équipe motivée et volontaire. D’où le partenariat conclu avec le Cercle d’escrime de Bourg-lès-Valence qui permet d’avoir un maître d’armes formé à l’escrime adaptée aux personnes âgées
dépendantes et transmet ses connaissances aux personnels de l’Ehpad.
Le groupe est constitué de dix à douze résidents quel que soit le degré de dépendance (GIR 1 à 6). Le maître d’armes pilote l’activité, assisté d’une animatrice de l’Ehpad. La sélection des participants est réalisée selon la
motivation des résidents qui sont venus spontanément aux séances encadrées. Le choix des résidents est réalisé en accord avec le médecin
coordonnateur selon l’examen clinique et le respect des contre-indications médicales. Un temps d’observation et de réflexion a pu être proposé aux résidents dans le cas où une participation pouvait les intéresser. Dans d’autres
situations, certaines personnes démentes ont été orientées sans qu’elles aient émis un réel souhait d’y participer parce qu’elles ne pouvaient pas s’exprimer à cause de la maladie.
La décision est prise en équipe (aides-soignantes, animatrice, infirmier, médecin de l’Ehpad), en respectant les besoins de la personne âgée et de l’intérêt de les faire participer. Un avis de la famille est également souvent sollicité.
Estime de soi
L’âge moyen des participants est de 88 ans. On note des résultats positifs sur le bien-être des résidents, une amélioration de la confiance et du moral, l’escrime permet de restituer une estime de soi et aide au maintien d’une certaine
qualité de vie. Le coût total annuel pour cette activité est de 2 100 euros correspondant à trente séances de 1 h 30 (70 euros la séance).
Le projet a bénéficié de crédits de l’agence régionale de santé sur l’année 2018 à raison de dix séances financées puis par la conférence des financeurs Ardèche depuis le 1er septembre 2019 ce qui permet d’envisager un financement pérenne via ce dispositif.
Sylvain Guillaume, directeur d’Ehpad.
Catherine Chevillon, animatrice
« Le rendez-vous hebdomadaire donne un objectif aux résidents »
« Une demi-heure avant l’activité, je vais chercher et j’installe les résidents en salle d’activité. Déjà, un climat de partage se met en place par des échanges simples et le plaisir de se retrouver. Tout au long de la séance, j’accompagne les résidents qui ont besoin d’aide pour réaliser les exercices avec le maître d’armes. En observant les résidents, je me rends compte que cette activité fait travailler la précision, la concentration et l’ensemble des articulations aussi bien en souplesse qu’en renfort musculaire. En associant différents jeux, cette gestuelle développe également les réflexes. Dans le groupe règne un esprit de convivialité. Le rendez-vous hebdomadaire donne un objectif aux résidents, dynamique et attrayant, et l’escrime permet d’évacuer le stress quotidien, de s’épanouir et de s’accomplir tout en augmentant son assurance. Une activité doit avant tout procurer du plaisir et du bien-être ».
La Gazette Santé-Social • mars 2020