Depuis quelques années, de nouvelles thérapies non médicamenteuses ont fait leur place dans les prises en charge médico-sociales, parmi lesquelles la médiation par l’animal ou zoothérapie.
Cette pratique professionnelle consiste à faire intervenir un animal comme médiateur au sein d’une relation thérapeutique. Des axes de travail et des objectifs thérapeutiques sont ainsi réfléchis et articulés autour des sphères cognitives, psycho-affectives, et sensorimotrices.
À l’origine, l’équipe pluri-professionnelle de l’association O’Tour Des Ani’Maux – Centre d’accueil en zoothérapie située à Clérieux dans la Drôme (26), qui après avoir piloté trois éditions des Journées Drôme-Ardèche de médiation animale, a voulu aller plus loin, permettant à un projet d’expérimentation inter-établissements de voir le jour.
L’animal, vecteur de lien
Soutenue par la filière gérontologique du Grand Valentinois, l’équipe de l’association O’Tour Des Ani’Maux a répondu à l’appel à projet de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes sur le thème de la prévention en Ehpad. Ce projet destiné à la personne âgée et ses proches aidants entend développer des pratiques novatrices de stimulation des capacités cognitivo-motrices. Il intègre un tiers animal pour faciliter l’expression des émotions et de la sensorialité. L’animal devient un vecteur privilégié de l’accompagnement et de la relation pour prévenir, retarder ou limiter les conséquences de la perte d’autonomie chez la personne âgée ou la personne handicapée. Il s’agit également, durant les vingt séances de médiation animale dont dix accompagnées d’aidants professionnels ou d’aidants familiaux, de promouvoir le maintien des liens sociaux et favoriser toute expression concernant le bien-être et le bien vieillir des personnes âgées. Ce projet précurseur a été validé pour trois années consécutives au sein de huit établissements du bassin Valentinois.
Après une année d’expérimentation
Après une année d’expérimentation, on constate que les séances sont attendues et investies par les usagers. Les équipes notent quant à elles que le comportement de certains résidents évolue durant les séances (absence d’agressivité, absence de trouble du comportement, acceptation de l’autre, sociabilité, attention aux autres, bienveillance, respect et solidarité, complicité, participation plus active … ). Cela permet aussi de découvrir ou redécouvrir l’usager: son histoire personnelle, ses capacités cognitivo-motrices ou encore son autonomie. Enfin, cela crée un lien relationnel différent, sur lequel il est notamment possible de s’appuyer dans les soins. Chaque année, un bilan est adressé à l’Agence régionale de santé, financeur du projet. L’objectif pour tous les Ehpad engagés dans le projet est de pérenniser ce dispositif qui apporte du bien-être aux résidents et favorise l’implication des salariés participants.
Sylvain Guillaume • Laura Berbel
Extrait de Géroscopie n°128 • mai 2021